La Suède veut stimuler le recyclage du plastique avec une usine géante

Mise à jour : 28 mars 2024
Site Zero peut trier 12 types différents de déchets plastiques
Site Zero peut trier 12 types différents de déchets plastiques.

Sacs de chips, bouteilles de ketchup et contenants Tupperware mis au rebut filent le long des tapis roulants dans une immense usine de tri de haute technologie baptisée « Site Zéro », qui, espère la Suède, révolutionnera son recyclage du plastique.

Des lumières infrarouges, des lasers, des caméras et même l'intelligence artificielle sont utilisés pour trier les tas de déchets plastiques, explique Mattias Philipsson, PDG de Swedish Plastic Recycling, une organisation à but non lucratif appartenant à l'industrie du plastique, en faisant visiter l'usine.

Situé à l'extérieur de la ville de Motala, à environ 200 kilomètres au sud-ouest de Stockholm, le site est opérationnel depuis fin 124 et est décrit par l'organisation comme « l'installation de recyclage du plastique la plus grande et la plus moderne au monde ».

Capable de traiter 200,000 12 tonnes de déchets par an, l’usine entièrement automatisée peut isoler XNUMX types de plastique différents, contre seulement quatre dans les installations conventionnelles.

Son opérateur espère que la prochaine législation européenne exigeant que les nouveaux emballages contiennent une certaine quantité de plastique recyclé donnera un coup de pouce à l'industrie du recyclage.

"Nous recevons tous les emballages plastiques collectés que les gens ont triés dans les ménages suédois", a déclaré Philipsson à l'AFP sur place, ajoutant qu'ils "ont la capacité de traiter l'équivalent de tous les déchets plastiques de Suède".

Des milliers d’objets en plastique se frayent un chemin à travers un labyrinthe complexe de différentes machines qui identifient et séparent les objets en catégories distinctes, appelées « fractions ».

Sur l'un des tapis roulants, la lumière infrarouge est utilisée pour scanner l'emballage lors de son passage, et un puissant souffle d'air propulse les morceaux dans différentes directions en fonction du type de plastique.

Marge d'amélioration

L'installation est notamment en mesure de trier le PVC et le polystyrène, deux fractions qui ne pouvaient auparavant pas être réutilisées dans de nouveaux produits en tant que tels.

Mattias Philipsson affirme que le site pourrait traiter l'équivalent de tous les déchets plastiques de Suède.

"L'idée est de faire partie d'une économie circulaire et de réduire l'utilisation de combustibles fossiles", explique Philipsson.

« Avec notre ancienne usine de tri, plus de 50 % des emballages en plastique étaient finalement incinérés car ils ne pouvaient pas être triés. Aujourd'hui, c'est moins de cinq pour cent », ajoute-t-il.

Le pays scandinave n’est pas en tête du classement en matière de recyclage du plastique.

En 2022, seulement 35 pour cent des déchets plastiques ont été recyclés, selon l'Agence suédoise de protection de l'environnement (EPA), en dessous de la moyenne européenne de 40 pour cent.

L'incinération des déchets plastiques, qui servent à produire à la fois de la chaleur et de l'électricité, représente environ 7 % des émissions de gaz à effet de serre de la Suède, selon l'agence.

"Les Suédois sont bons dans le recyclage en général - des métaux, du papier et du verre - parce que nous faisons cela depuis longtemps et que notre industrie veut du papier par exemple", a déclaré à l'AFP Asa Stenmarck, experte de l'EPA.

Mais « en matière de plastique, nous ne sommes pas très bons », a-t-elle ajouté.

«Beaucoup de choses ne sont même pas triées, ce qui constitue un gros problème, tant pour les ménages que pour les entreprises. Il faut donc vraiment travailler sur le tri. »

Plus de déchets à venir

Le plastique recyclé a encore du mal à être largement adopté, car il est en moyenne 35 % plus cher que le plastique nouvellement produit.

L’OCDE prévoit que la quantité d’emballages plastiques triplera d’ici 2060.

Stenmarck a constaté que certaines fractions triées par Site Zéro sont encore inhabituelles sur le marché du recyclage.

"Donc, dans un sens, c'est plutôt courageux puisqu'il n'y a probablement pas encore de clients", a-t-elle expliqué.

Stenmarck a déclaré qu'une façon d'accélérer son adoption était de légiférer, et a noté que cela était en cours en Europe avec le nouveau règlement sur les emballages et les déchets d'emballages (PPWR).

Les 27 États membres de l'UE ont convenu le 4 mars que les emballages en plastique doivent contenir entre 10 et 35 % de matières recyclées, selon qu'ils sont utilisés ou non pour l'alimentation, d'ici 2030.

"Cela changera la donne pour le marché", a déclaré Philipsson à l'AFP, ajoutant que "le seul moyen d'y parvenir est de procéder à un tri efficace".

Pourtant, l’OCDE prévoit que la quantité d’emballages plastiques triplera d’ici 2060.

Certains écologistes soutiennent qu’un recyclage accru ne résout pas le problème à la racine.

"On a le sentiment que ce discours sur l'amélioration des performances techniques renforce l'idée qu'on peut continuer (à fabriquer du plastique), qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter", Henri Bourgeois-Costa, expert des déchets plastiques à la Fondation Tara Océan. , a déclaré à l'AFP.

"L'enjeu de ces plastiques n'est pas de mieux les trier, de mieux les recycler… L'enjeu est de les remplacer et de les éliminer", a-t-il ajouté.

D'autres projets basés sur le modèle Site Zero sont en cours de conception ailleurs en Europe, avec deux en Allemagne et un en Norvège.